“L’idée c’est d’examiner si cette notion d’objet sexuel, c’est simplement une métaphore qu’on utilise dans le langage, ou s’il y a une réalité cognitive derrière.”
Les images que nous percevons au quotidien ne sont pas sans conséquences sur notre perception du corps. Alors, comment percevons-nous les corps humains ? L’objectification sexuelle des corps dans les médias maintient-elle les stéréotypes de genre et le sexisme ? Peut-on mesurer scientifiquement l’objectification sexuelle et ses conséquences ? Dans ce podcast, Philippe Bernard (chercheur qualifié FNRS, Université Libre de Bruxelles) répondra à ces questions en adoptant une approche psychologique et neuroscientifique.
Quelques définitions
Objectification : attitude qu’adopte un individu envers un autre qu’il considère comme un simple objet, le réduisant à une fonction, sans se soucier de ce que cet individu ressent. L’objectification sexuelle quant à elle est le fait de réduire une personne à un instrument ou objet de plaisir sexuel.
Sexualisation : Doter de valeurs sexuelles ou imprégner de sexualité une personne, une chose ou un objet qui n’est pas forcément connoté comme tel initialement. D’autres définitions entrent davantage dans le détail, et font de la sexualisation un phénomène multifacette. Selon un rapport de l’American Psychological Association, on peut parler de sexualisation dans les différents cas suivants: 1) lorsque la valeur d’une personne est réduite à son attractivité sexuelle; 2) lorsqu’une personne est soumise à une norme qui rendent synonymes le fait d’être attirant physiquement et le fait d’être “sexy” ; 3) lorsqu’une personne est objectivée sexuellement ; lorsque la sexualité est imposée à une personne de façon inappropriée. La sexualisation, selon cette définition, est un phénomène négatif et se distinguerait de la “sexualité saine”.
Sources : CNRTL, wikipédia, APA task force on the sexualization of girls l’APA est l’American Psychological Association, une des plus grandes et plus puissantes associations professionelles de psychologues dans le monde.
Voici un exemple concret recent d’objectification sexuelle
La démarche de l’intervenant en résumé
Références mentionnées dans le podcast
Malheureusement, nous n’avons pas trouvé une version gratuitement accessible pour tous les références. Si vous n’avez pas accès à un article qui vous intéresse, les auteurs sont souvent prêts à envoyer une version PDF si contacté par email. Nous ne recommandons pas du tout de suivre la démarche pour obtenir des articles scientifiques récemment discutés sur twitter (lien à suivre).
La perception du corps : traitement configural vs. traitement analytique
De Gelder, B., Van den Stock, J., Meeren, H. K. M., Sinke, C. B. A., Kret, M. E., & Tamietto, M. (2010). Standing up for the body. Recent progress in uncovering the networks involved in the perception of bodies and bodily expressions. Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 34(4), 513–527. doi:10.1016/j.neubiorev.2009.10.008
Les liens entre perception visuelle analytique et déshumanisation:
Livre: Gervais, S (2013). Objectification and (De)Humanization. New York: Springer.
Sur les débats autour des conclusions des premiers travaux de Philippe Bernard
Objectification et “réhumanisation”: L’expérience du calendrier sexy
Les aspects positifs de l’auto-sexualisation
Notons qu’il s’agit d’un champ de questionnements très peu exploré. La sexualisation et l’auto-sexualisation restent négativement connotés dans la littérature, et ce sont essentiellement leurs aspects négatifs qui sont étudiés actuellement.
Pellizzer, M., Tiggemann, M., & Clark, L. (2015). Enjoyment of Sexualisation and Positive Body Image in Recreational Pole Dancers and University Students. Sex Roles, 74(1-2), 35–45. doi:10.1007/s11199-015-0562-1